Le Home Lab pourrait rester d’actualité chez Bosch même après le coronavirus

Apprendre à la maison sans pour autant négliger la pratique : c’est ce qu’ont réussi à concilier pendant le printemps les formateurs de Robert Bosch GmbH à Schwieberdingen.

Alors que les mesures visant à endiguer l’épidémie de Covid-19 étaient les plus strictes, ils ont permis aux apprentis mécatroniciens d’emmener les systèmes d’apprentissage chez eux. Nous nous sommes entretenus avec le formateur Andreas Geiger, le directeur de formation suppléant Robert Köhler, ainsi qu’avec les étudiants/apprentis Rieke Miesterfeldt, Emil Schäuffele et Tobias Wölfler au sujet de leur expérience en Home Lab.

Lucas-Nülle : Nous avons déjà souligné par le passé le fait que nos systèmes UniTrain étaient particulièrement faciles à stocker et à transporter grâce à leur valise de rangement. Mais il faut avouer que nous n’avions jamais sérieusement pensé à ce que nos systèmes soient utilisés à la maison. Le coronavirus a donc entièrement rebattu les cartes également à ce niveau-là. Nous avons entendu pour la première fois au mois d’avril que les apprentis de Bosch à Schwieberdingen avaient emporté les systèmes chez eux, ce qui nous a fait dresser l’oreille. Comment la décision a-t-elle été prise à ce moment-là ?

Tobias Wölfler a echangé son lieu de TP habituel au centre d'apprentissage de Bosch contre son poste de travail.

Robert Köhler : « Comme chacun s’en souvient, les événements se sont tous précipités pendant ces semaines-là. Lorsque nous avons compris que les apprentis allaient devoir rester chez eux pour une durée indéterminée, nous n’avons pas pu nous résoudre à ne rien faire. Nous avons donc franchi le pas et permis aux apprenants d’emmener les systèmes de Lucas-Nülle chez eux. Il fallait toutefois qu’ils aient pour commencer un accès VPN. Mais le conseil d’entreprise aussi bien que les représentants des jeunes ont appuyé notre démarche, et la mise en œuvre en interne en a été d’autant simplifiée. Il suffisait donc que les apprentis disposent à la maison d’une connexion Internet assez stable. Au final, ce n’était pas un gros problème. »

Lucas-Nülle : À vous entendre, cela a donc plutôt bien fonctionné ?

Andreas Geiger : « Tout à fait. Les apprentis connaissaient déjà les appareils, et savaient comment les raccorder et travailler dessus. Évidemment, nous ne disposons que d’un nombre limité de systèmes d’apprentissage. Du point de vue logistique, la répartition des appareils entre les différents groupes a donc représenté un petit défi en matière d’organisation. Mais là non plus, rien d’insurmontable. »


Robert Köhler, Formateur chez Bosch

Andreas Geiger, Formateur chez Bosch
Lucas-Nülle : Au-delà de l’aspect technique, comment les cours se sont-ils déroulés du point de vue de la méthodologie ?
 
Andreas Geiger : « Même avec les systèmes d’apprentissage, un enseignement réalisé exclusivement à distance entraîne forcément une réduction des possibilités. Normalement, nous basons notre apprentissage sur un mélange d’unités théoriques, de phases d’auto-apprentissage et d’unités de projets qui courent parfois sur le long terme. C’est dans ces projets que les apprenants peuvent mettre leurs nouvelles compétences en application. Nous avons malheureusement dû renoncer entièrement à cette partie-là et la rattraper ultérieurement. Mais l’apprentissage sur les systèmes, basé sur tous les différents exercices de mesure, a parfaitement fonctionné. Nous sommes très satisfaits. La communication s’est faite sur Skype et a elle aussi très bien fonctionné, même si ce n’est pas comparable à une conversation « réelle ». Il était plus difficile de répondre aux questions. »

Lucas-Nülle : Qu’en disent les apprentis ? Êtes-vous d’accord avec monsieur Geiger ?

Tobias Wölfler : « Oui, ça a bien fonctionné. Au final, nous avons pu trouver toutes les erreurs et nous avons toujours réussi à résoudre les problèmes techniques avec le matériel. Mais la communication est plus pénible et prend plus de temps que lorsque le formateur est directement présent. »

Emil Schäuffele : « J’ai trouvé qu’il y avait aussi du positif là-dedans. Pour ma part, j’ai remarqué que j’y réfléchissais plus qu’à deux fois avant de poser une question. J’ai même retenu certaines choses de façon plus durable. D’une manière générale, le concept s’appliquait bien à une utilisation à la maison. Et le fait qu’il y ait aussi des contenus pratiques a rendu l'apprentissage chez soi plus varié. Je l’ai vécu de façon positive. »

Emil Schäuffele reconnait également les avantages du laboratoire sur son bureau à la maison.

Lucas-Nülle : Recommenceriez-vous à étudier en Home Lab ?

Rieke Miesterfeldt : « Dans ces circonstances, c’était une bonne solution. Mais je pense que le laboratoire a beaucoup d’avantages décisifs. Rien ne remplace l’échange immédiat entre deux personnes. Donc : oui, mais uniquement si les circonstances l’exigent. »

Lucas-Nülle : Et qu’en disent les formateurs ?

Andreas Geiger : « J’irais même un peu plus loin. Je peux imaginer intégrer des phases de ce type dans un plan d’apprentissage de façon durable. Comme vient de le dire Emil, nous avons constaté que cela favorisait l’autonomie ainsi que d’autres aspects plus fortement qu’en cours présentiel. Enfin, cela nous incite aussi, les formateurs, à explorer de nouvelles voies. Mais il est clair que cela ne peut rester qu’un complément aux méthodes habituelles. »

Rieke Miesterfeldt utilisait UniTrain à la maison.

Lucas-Nülle : Il semble en tout cas que cette période de cours à distance ait laissé une impression plutôt marquante ?

Andreas Geiger : « Chez moi oui, dans tous les cas. Nous sommes habitués depuis des années au classique face à face. De ne pas voir les choses modifie complètement la situation. Comme cela a été dit, les apprentis doivent faire preuve de plus d’initiative ; et nous exploitons bien plus intensivement les possibilités offertes par la technique. Avec le recul, je le vois comme un enrichissement et clairement pas comme un bien pour un mal. »

Lucas-Nülle : Si l’utilisation des systèmes en Home Lab a si bien fonctionné, c’est notamment parce que vous misez beaucoup sur les logiciels d’apprentissage de Lucas-Nülle dans vos cours. En quoi consiste précisément cette utilisation ?

Andreas Geiger : « LabSoft nous sert de fil rouge pour notre cours. Prenons l’exemple du cours sur les semi-conducteurs. Nous avons adapté les contenus existants de sorte que les apprenants y trouvent d’abord le planning de toute la semaine pendant laquelle ils vont étudier ce sujet. S’ils doivent travailler avec des contenus ou des logiciels qui ne font pas partie du programme, ils trouveront tous les liens et renvois nécessaires dans le cours LabSoft.

L'environnement d'apprentissage LabSoft est spécialement adapté aux standards de formation Bosch de Schwieberdingen.

De plus, nous avons pu ajouter nos propres schémas de connexions et adapter le design à celui de Bosch. Enfin, nous rédigeons pour chaque cours une courte unité qui replace le sujet dans le contexte général de la formation dans le secteur automobile. Nous complétons actuellement nos propres tests de connaissances pour les examens qui serviront aussi à attribuer les notes. Le programme nous offre de nombreuses possibilités, que nous sommes ravis de pouvoir exploiter. »

Lucas-Nülle : Pour terminer, regardons vers l’avenir : la part de composants électrotechniques dans le véhicule automobile connaît actuellement une croissance inédite. Comment voyez-vous cette évolution ?

Andreas Geiger : « Dans notre apprentissage, nous avons très tôt misé sur des systèmes qui permettent d’appréhender ces composants hors des véhicules. Nous disposons d’une très vaste expérience, qui est un grand atout. Il en ira de même pour les évolutions à venir. Nous restons toujours flexibles et ouverts à de nouvelles méthodes. »

- 21.08.2020